Le projet Pont-Barrage de Tanaff représente une solution d’ingénierie innovante à une urgence environnementale et sociale menaçant la survie de milliers de personnes.

La vallée de Tanaff, en Casamance, est aujourd’hui envahie de manière cyclique par l’eau salée de l’océan. Ce phénomène, accéléré par le changement climatique et la déforestation, a rendu stérile l’une des zones agricoles les plus fertiles du sud du Sénégal. Il s’agit d’un phénomène hydrogéologique rare causé par une combinaison de facteurs environnementaux.

Le pont-barrage sera construit à un point stratégique pour contenir l’intrusion d’eau salée, tout en assurant le bon écoulement de l’eau douce pendant la saison des pluies. Son ingénierie multifonctionnelle comprendra un pont routier pour améliorer les connexions intercommunautaires.

Cette intervention est le fruit d’études d’ingénierie complexes et détaillées, partagées avec les communautés locales, des experts et les autorités, axées sur la durabilité, la pérennité et le faible impact environnemental.

Par ce projet, Balouo Salo souhaite démontrer qu’il est possible de créer des infrastructures exemplaires même dans des contextes fragiles, capables de changer radicalement l’avenir.

État d’avancement du projet

Le projet a retenu l’attention de la Présidence de la République du Sénégal, du Ministère de l’Agriculture et du Ministère de l’Hydraulique. Des études techniques ont été offertes par Balouo Salo pour favoriser sa mise en œuvre et son adoption par l’État comme projet modèle pour le développement de toute la région de Casamance dans le cadre du programme national d’autosuffisance alimentaire.

L’intrusion d’eau salée est un phénomène rare mais critique affectant la rivière Casamance et d’autres cours d’eau aux caractéristiques similaires. C’est l’une des principales causes de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté économique dans les communautés locales fortement dépendantes de l’agriculture. Ce processus s’est aggravé depuis les années 1970 à cause de la sécheresse au Sahel, qui a entraîné une réduction drastique des précipitations et une augmentation de l’évapotranspiration.

Des études de terrain et enquêtes, combinées à des recherches bibliographiques approfondies et à la collaboration avec des universités et institutions, ont permis de comprendre la dynamique de l’intrusion d’eau salée. La morphologie particulière de la rivière Casamance — avec son étroitesse et ses profils variables — combinée à la propagation des marées et au changement climatique, a provoqué une diffusion anormale du sel dans tout le bassin. En saison sèche, certaines zones enregistrent des niveaux de salinité allant jusqu’à 135 g/l, soit cinq fois plus que l’eau de mer.

Les conséquences environnementales sont dévastatrices : acidification des sols, contamination des nappes phréatiques, désertification progressive, mortalité de la faune aquatique, disparition des rizières, et érosion côtière accrue. Socialement, cela se traduit par la famine, la perte des moyens de subsistance, des migrations forcées et l’instabilité des communautés.

Selon les études scientifiques, le phénomène est irréversible : il faudrait que les précipitations triplent par rapport aux niveaux actuels pour rétablir un équilibre naturel acceptable. Pour cette raison, agir localement en revalorisant les vallées individuelles par des ouvrages hydrauliques efficaces est aujourd’hui la seule stratégie réellement viable pour protéger à la fois l’environnement et la société.